Alors que le Québec commémore ce 11 mars les plus de 10 000 morts de la COVID-19, nous pensons qu’il ne faut pas oublier toutes les personnes qui sont décédées pendant cette pandémie, quelle que soit la cause de leur décès. En effet, depuis mars 2020, ce sont près de 60 000 personnes qui sont décédées de diverses causes, et ce, dans des circonstances souvent tragiques et inimaginables : isolées, privées de l’accompagnement de leurs proches, des services spirituels et religieux auxquels ils auraient pu avoir besoin, etc. Tout cela même si les soignants ont fait tout leur possible pour tenter de rendre ces fins de vie moins dramatiques.
Les proches endeuillés, pour leur part, doivent continuer de vivre avec des sentiments de culpabilité, de peine et de regrets, sans nécessairement pouvoir les partager avec d’autres en raison des restrictions sociosanitaires. Si ces restrictions sont légitimes, elles privent tout de même les proches endeuillés de rites funéraires signifiants. Or, les rites funéraires sont profondément nécessaires pour assurer la reconnaissance des morts et la paix des vivants. On sait que depuis plus 100 000 ans les hommes réalisent des rites funéraires et si, depuis plusieurs dizaines d’années, de profondes transformations caractérisent ceux-ci (crémation, cérémonie en l’absence du corps, diminution du temps des expositions, etc.), jamais encore nos contemporains n’ont été privés sans leur consentement des rituels funéraires souhaités.
Comment les endeuillés vivent-ils ces privations? Quelles conséquences cela a-t-il sur leur vécu du deuil? Quelles alternatives ont-ils pu trouver? Nous ne le savons pas. Certains auteurs pensent qu’après la pandémie de COVID, nous devrons faire face à une pandémie de deuils compliqués. D’autres assurent que rien ne permet de croire à un tel scénario. C’est pour répondre à ces questions et donc mieux accompagner les proches endeuillés et les personnes en fin de vie que notre équipe lance une importante recherche qui vise à connaître le vécu du deuil des personnes qui ont perdu un proche depuis mars 2020, soit depuis le début de la pandémie : quels accompagnements et rites funéraires ont été possibles et quel effet cela a-t-il sur le vécu du deuil?
Quelle que soit la cause du décès de leur proche, les personnes endeuillées depuis mars 2020 sont donc invitées à participer à une enquête en ligne qui débute aujourd’hui et qui s’échelonnera sur les deux prochaines années. Les personnes suivantes peuvent participer à l’étude : avoir 18 ans et plus, résider au Canada (citoyenneté ou résidence permanente), avoir perdu une personne significative depuis le 12 mars 2020, peu importe la cause du décès.
Pour participer, visitez le uqac.ca/covideuil.
Le questionnaire est d’une durée d’environ 25 à 30 minutes.
Cette recherche réunit des chercheurs du Québec et de l’Ontario avec la collaboration de 7 spécialistes européens qui réalisent la même étude dans leurs pays. Au Canada, ce projet est financé par le Réseau intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec (RISUQ) et est mené par le professeur Jacques Cherblanc, Ph. D. (UQAC) et les professeures Chantal Verdon, Ph. D. (UQO), Susan Cadell, Ph. D. (University of Waterloo), Josée Grenier, Ph. D. (UQO), Christiane Bergeron-Leclerc, Ph. D. (UQAC), Danielle Maltais, Ph. D. (UQAC) et Chantale Simard, Ph. D. (c) (UQAC).
Renseignements :
uqac.ca/covideuil
info@covideuil.ca