En marge. Relire vingt-cinq romanciers méconnus du XXe siècle.
Nota bene, collection « NB poche », 2011, 379 p.
Que ce soit par tempérament ou malgré eux, les romanciers français que nous présentons ici ont en commun de se situer en marge, à la lisière de la métropole littéraire, dans les banlieues souvent grises du texte, tristes dortoirs de second rayon. Bien que plusieurs de ces romanciers aient bénéficié d’un succès d’estime auprès de leurs pairs, la hauteur symbolique des grandes avenues urbaines de l’institution littéraire les confine dans l’ombre ; ils habitent donc aujourd’hui les marges des grands auteurs : Pierre Herbart celles de Gide, Raymond Guérin celles de Céline ou Alexandre Vialatte celles de Kafka; les marges des ouvrages d’histoire littéraire, où dans le meilleur des cas ils sont seulement mentionnés au passage; les marges éditoriales, car lorsqu’ils sont réédités, c’est habituellement dans la collection « L’Imaginaire » plutôt que dans « Folio » et chez de « petits éditeurs » comme Le Dilettante, Le Temps qu’il fait, Le Passeur à Nantes ou Finitude à Bordeaux.
La littérature ne désigne pas seulement les textes que nous lisons, mais aussi le système qui la fait vivre, système régulé par les modes et les idéologies, les opinions et les passions. Elle est donc aussi affaire de classe — mais elle le serait de moins en moins —, dont les catégories sont au moins tripartites : la haute, occupée disons par les « classiques »; la mitoyenne, habitée par les écrivains méconnus, dont les œuvres ne sont pas reconnues à leur juste valeur; la basse, sans doute la plus populeuse, que nourrissent les écrivains oubliés et qui, pour la plupart, ne peuvent guère espérer de promotion. Comme dans toute société, les changements de classe sont possibles : il arrive en effet qu’un parfait oublié devienne un grand méconnu (Emmanuel Bove), qu’un méconnu — mais cela est plus rare — parvienne patiemment à se hisser parmi les classiques (Stendhal) ou encore qu’un classique soit retrogradé (disons Romain Rolland). Du reste, les frontières sont rarement étanches, des flottements existent et certains écrivains ne trouvent jamais tout à fait leur place — et c’est tant mieux, cela prouve que la littérature est vivante.
(Extrait de la présentation par François Ouellet)
Ont collaboré à cet ouvrage plusieurs spécialistes québécois et français des romanciers méconnus avec qui François Ouellet collabore depuis plusieurs années.
Décliner l’intériorité. Le roman psychologique des années 1940-1950 au Québec.
Nota bene, collection « Sciences humaines / Littérature », 2011, 246 p.
La plupart des critiques littéraires s’entendent pour identifier le tournant des années 1940 comme un moment décisif dans l’évolution du roman québécois : c’est la fin du roman régionaliste et l’émergence du roman urbain. Cette période marque une nouvelle étape dans l’évolution du roman au Québec pour au moins une deuxième raison : l’éclosion du roman psychologique, dont l’acte de naissance est signé par Robert Charbonneau dans Ils posséderont la terre (1941). L’intériorité et l’auto-analyse allaient devenir le principe même de l’écriture, en quoi ce roman se distingue de genres voisins, comme le roman de mœurs. Aux côtés du roman de la ville, ce roman de l’intériorité offrait un autre éclairage de la modernité canadienne-française naissante, privilégiant un questionnement moral et fortement axé sur le développement identitaire du personnage à la fois dans son rapport inquiet à lui-même et dans ses relations avec les autres, en premier lieu sa famille. Les textes réunis dans ce livre examinent la constitution du roman psychologique sous ses multiples aspects, aussi bien historique, sociologique qu’esthétique et critique.
(Extrait de la présentation par François Ouellet et Patrick Guay)
Ont notamment collaboré à cet ouvrage des professeurs du Département des arts et lettres : Cynthia Harvey, Anne Martine Parent et Nicolas Xanthos.